Ce matin, je pars chasser sur un secteur en dessous du village de Roques. Il pleut un peu sur la route, en arrivant près de ma zone de chasse, j'aperçois des yeux brillants sur la gauche de la route et reconnais vite 2 renardeaux en me rapprochant. L'un d'eux longe un peu la route puis rentre dans la végétation et disparaît alors que je m'arrête doucement pour les regarder. Le second bondit sur la route et se couche devant ma voiture un moment à la manière d'un chien qui veut jouer. Il finit par se redresser et repartir dans la végétation, mais, alors que je commence à m'avancer, il ressort de la végétation d'un bon et vient se recoucher devant ma voiture, je n'arrive pas à y croire. Cette fois il ne semble pas vouloir bouger et j'ouvre ma portière pour descendre de ma voiture et le déloger ce qui le fait partir. Je reprends ma route et me gare un peu plus loin, au bord du chemin de pierre blanche qui relie Roques et Justian, au bout d'un bois en long, en réserve de chasse et qui borde la propriété d'une résidence secondaire.
Le jour se lève doucement alors que je me prépare puis pars en chasse en longeant le bois. Un peu plus loin, une silhouette m'interpelle au bord du bois à environ 60 mètres devant moi, c'est la renarde du secteur qui m'observe assise alors que je viens de me figer. Elle rentre vite à couvert et je reprends ma progression. Je rattrape ainsi la bordure d'une vigne et la suis par la bande enherbée prise entre la haie épaisse qui poursuit le bois et les rangs de ceps. La haie bifurque à 90° pour remonter vers le sommet de la colline et je continue à la suivre pour rejoindre un passage, un peu plus haut, au travers de cette dernière, qui me permet de passer dans le champ de soja de l'autre côté. Je progresse le long de la haie qui borde le haut de la culture quand j'aperçois un gros renard venant du blé qui fait suite au soja et traversant la culture pour rejoindre la haie que je viens de traverser. Il est à environ 150 mètres et passe plein travers, aucune chance de le voir se rapprocher et je suis à découvert. Je me cale contre la haie et tente des cris de souris mais il n'y prête pas attention et poursuit son chemin. Je fais demi-tour, longe la haie et repasse le passage au travers de la grosse haie pour repasser côté vigne. Je presse le pas en longeant la haie pour tenter de recouper le renard qui vu sa trajectoire doit ressortir dans une parcelle d'orge qui fait suite à la vigne mais à mon arrivée près des céréales le renard n'est pas visible et je reste un moment en observation sans succès avant de faire demi-tour et de reprendre ma progression vers le blé vent de dos.
Je rejoins le haut du grand champ de blé et le longe en suivant la haie qui le borde tout en observant la surface des céréales mais pas de chevreuil en vue, je pars donc faire le tour des bosquets et vignes du secteur sans voir autre chose que quelques lièvres avant de revenir par le bas du grand champ de blé. Je longe tout doucement la culture quand j'aperçois un beau brocard et sa chevrette au gagnage, à plus de 150 mètres, plus haut dans le blé. Ils remontent doucement en suivant un passage de qui suit, à quelques mètres, la bordure du bosquet inclus dans les céréales. Leur position haute peut leur permettre de me voir et je me baisse rapidement sous le niveau des céréales pour les observer un instant. Le brocard avance tranquillement sans baisser la tête et semble vouloir passer derrière le bosquet, la chevrette avance en remontant le champ tout en glanant quelques bouchées de céréale, baissant régulièrement la tête dans la culture. J'avance à 4 pattes sous le niveau du blé en m'arrêtant presque tous les mètres pour observer et ne gagne ainsi que 4 ou 5 mètres avant de perdre le brocard de vue. La chevrette remonte toujours doucement en suivant le passage de tracteur tout en mangeant. Ce passage est à environ 60 mètres devant moi, je profite des moments où elle baisse la tête pour me redresser et avance rapidement voûté vers le passage, me jetant vite au sous le niveau du blé dès que ses oreilles refont surface. Le relief de la culture finit par me la cacher et je finis d'arriver tranquillement au passage avant de commencer à le suivre doucement pour tenter de retrouver les animaux. Le vent souffle face à moi.
Je remonte doucement en essayant de faire le moins de bruit possible et aperçois à nouveau la chevrette à 25 ou 30 mètres devant moi alors que j'arrive à la hauteur du bosquet. Je me baisse dans le blé et l'observe. Elle mange tranquillement, le brocard que j'ai perdu de vue alors qu'il se dirigeait vers le passage de tracteur, perpendiculaire à celui que je suis et passant juste au-dessus du bosquet, n'est pas visible mais vu que sa chevrette est toujours là, il ne doit pas être bien loin. Je me redresse mais reste baissé et avance pas à pas en surveillant la chevrette et la surface du blé autour de moi à la recherche du brocard, me rebaissant dans le blé dès que la chevrette risque de me voir. J'arrive facilement à 15 mètres de cette dernière sans voir le brocard mais, alors qu'elle progressait à 2 mètres sur la droite du tracteur, elle bifurque à l'équerre et revient vers le passage. Je me baisse et l'observe, une fois le passage rejoint tranquillement en broutant elle se tourne face à moi et commence à revenir vers moi en broutant. Je tente de me serrer un peu dans le blé car elle va vite me voir et c'est alors que le brocard surgit du blé à 4 mètres sur ma droite alors que je le pensais à gauche du passage. Il fonce à grands bons dans le blé. Il était sous le vent et m'a senti. Je me redresse rapidement en armant mon arc alors que la chevrette s'élance à ses trousses et tente de l'arrêter en aboyant mais il est vite trop loin et s'arrête hors de portée. Je ne peux que les regarder repartir et s'éloigner vers le haut de la culture.
Une fois les animaux perdus de vue, je redescends pour finir de longer le bas de la parcelle avant de prendre un chemin de terre enherbée pris entre 2 parcelles de soja pour me diriger vers un autre secteur de parcelles blé et d'orge, ponctuées de bosquets et bordées par des vignes où j'ai repéré au moins 2 brocards. Le chemin remonte en crête de colline puis redescends à angle droit vers le chemin de terre au bord duquel je me suis garé. Je laisse le chemin et descends vers une grande parcelle de céréale en longeant une haie épaisse quand j'aperçois un chevreuil à environ 500 mètres, dans une zone de culture couché près d'une haie. Je serre la haie et descends doucement vers le ru encaissé et pris dans une grosse haie perpendiculaire en bas de pente. J'avance doucement en m'arrêtant par moment alors que le chevreuil regarde les alentours. Le vent latéral souffle de ma gauche. Près du ru, je traverse la haie à ma gauche par un passage fait par les sangliers qui viennent se bauger autour de la source qui alimente le ru. La végétation est couverte de boue et les souilles sont très nombreuses autour d'un petit trou d'eau. Je m'apprête à ressortir dans une parcelle d'orge quand j'aperçois un brocard qui avance dans la culture, de l'autre côté du ru, il remonte vers la zone où j'ai repéré le chevreuil en descendant. Je reste dans la haie et l'observe quand un autre chevreuil rentre dans une haie de l'autre côté de l'orge, à environ 100 mètres, en aboyant ce qui précipite une chevrette droit sur moi, elle arrive au trot en longeant le passage de tracteur parallèle au ru puis stoppe et se retourne un instant vers le chevreuil qui aboie avant de repartir pour venir droit sur moi. Pendant ce temps le brocard remonte tranquillement, la chevrette repart en aboyant pour venir vers moi en s'arrêtant régulièrement. Le brocard finit par disparaître près de la haie qui sépare l'orge de l'autre côté du ru et une parcelle de lin.
Le brocard ne pouvant plus me voir, je décide de sortir de la haie alors que la chevrette s'est arrêtée de face à environ 20 mètres. Elle me regarde un instant incrédule avant de fuir en faisant volte-face pour suivre le passage de tracteur à grands bons et rejoindre la haie un peu plus loin. Je prends à droite vers le penchant d'orge qui remonte vers le lin , passe un passage busé qui enjambe le ruisseau puis me décale à droite en suivant le passage de tracteur qui longe le petit cours d'eau avant de rejoindre un autre passage de tracteur qui traverse la parcelle en direction de la haie près de laquelle j'espère retrouver le brocard. Il pleut un peu et le frottement des céréales trempe vite mon pantalon. J'avance doucement dans l'orge en direction de la haie, le relief me cache un moment l'endroit où doit se trouver le brocard. Arrivé à 10 mètres de la haie environ, je prends un passage en parallèle à cette dernière. Un peu plus loin j'aperçois la tête du brocard qui dépasse des céréales à environ 60 mètres. Je me baisse vite et l'observe un instant avant de commencer à m'avancer à 4 pattes, le vent souffle face à moi et la pluie s'intensifie, un léger brouillard enveloppe le paysage.
Genou à genou, je gagne doucement quelques mètres tout en surveillant le brocard par-dessus l'orge et en m'arrêtant tous les 2 ou 3 mètres pour l'observer quand il relève la tête. J'arrive ainsi à environ 30 mètres de lui mais un frottement trop appuyé dans le blé lui fait lever la tête et regarder vers moi. Je stoppe net et reste baissé sous le niveau de l'orge tout en l'observant à travers les céréales. Les minutes passent et il reste figé à regarder vers moi, je ne peux plus trop bouger. Je tente de sortir mes flèches de mon carquois pour limiter le risque de frottement puis accroche mon décocheur au cas où et me tiens prêt. Après plusieurs minutes, il finit par se décider à bouger et amorce un demi-tour pour s'éloigner. Je tente de monter mon arc mais il se retourne vers moi à nouveau et m'aboie. Je lui réponds et il hésite un peu avant de démarrer avec sa chevrette que je ne voyais pas un peu plus loin. Ils foncent à travers l'orge à grands bonds en s'arrêtant par moment pour surveiller leur arrière. Je les perds de vue 100 mètres plus loin derrière un petit talus enherbé qui coupe le champ. Je récupère mes flèches, me redresse et prends le pas de course pour tenter de les retrouver et essayer d'élaborer une stratégie pour les recouper mais ils sont déjà loin et je laisse tomber.
Je fais un petit tour dans le secteur autour des vignes un peu plus loin et d'une parcelle de tournesol sans voir de chevreuil avant de redescendre par un chemin de terre vers le chemin de terre au bord duquel je suis garé. La pluie qui s'était calmée recommence à tomber. Le chemin rejoint, je pars en direction de Justian pour aller chasser une zone de bocage sur la droite du chemin. J'avance doucement en surveillant les cultures de blé et d'orge de part et d'autre du chemin sans voir dépasser la moindre tête. Un peu plus loin, je longe une plantation de carottes graines en fleur. Une grosse bande de ces fleurs blanches entoure une parcelle de tournesol en son centre. Cette culture est nouvelle dans le secteur et je ne sais pas si les chevreuils la côtoient, je regarde tout de même machinalement dans les rangs de carottes semés perpendiculaires au chemin et qui remonte vers une friche boisée à environ 100 mètres quand j'aperçois furtivement un brocard à environ 30 mètres du chemin dans un espace entre 2 rangs. Il ne m'a pas vu alors que je le dépassais, partiellement caché par le talus d'environ 1.3 mètres qui borde le chemin. Le vent dans mon dos et la pluie assez soutenus sont les bienvenus. Je remonte le talus et commence à avancer tout doucement dans les carottes en cherchant du regard mon brocard. Une silhouette de chevreuil apparaît un peu plus haut à environ 50 mètres mais il me semble qu'il s'agit d'une chevrette. Je me rapproche tout doucement, baissé, dans cette végétation qui m'arrive à la taille en regardant bien autour de moi tout en surveillant le chevreuil quand j'aperçois le brocard à environ 18 mètres devant moi, il est de cul, dos rond, tête basse et subit la pluie froide et battante sans bouger. Je m'avance tout doucement voûté et arrive facilement à environ 8 mètres du brocard tout en armant mon arc. Le vent latéral est bon, le chevreuil se présente dans un 3/4 arrière assez fermé, presque de cul. Je vise très en arrière au niveau du cuissot de mon côté et décoche mais ma flèche touche les carottes et dévie légèrement pour passer juste au ras de l'animal sans le toucher dans une explosion d'eau jaillissant des fleurs blanches. Le brocard démarre en trombe suivi par la chevrette.
Je me baisse vite dans les carottes, dégoûté d'avoir raté une si belle occasion. Les chevreuils sortent dans une petite friche et s'arrêtent pour regarder vers les carottes. La chevrette est près de la friche boisée qui couvre le haut de la colline alors que le brocard plus proche, à environ 45 mètres, revient curieux vers les carottes. Je réencoche rapidement, il hésite un moment mais se ravise et fait demi-tour pour aboyer. Je lui réponds, il se fige et regarde un instant vers moi puis me répond et commence à revenir vers les carottes en frappant ses pas mais le vent tourne et il me repère brusquement, fuyant avec sa chevrette vers la friche boisée un peu plus haut. Je me redresse et quitte les carottes en rageant un peu d'avoir loupé ce brocard. Je pars faire le tour du bocage, de petites parcelles de blé alternent avec des parcelles de prairie séparées par des haies mais les chevreuils ne sont pas de sortie ce matin. Je retourne donc sur le grand chemin de terre et me dirige vers la voiture quand je décide de refaire un tour sur le secteur où j'ai manqué ma seconde approche. Je quitte le chemin de terre pour un sentier qui rejoint la grande parcelle d'orge en passant entre une haie épaisse à ma gauche et une grande parcelle du lin. Le départ du champ d'orge est étroit, pris entre 2 haies espacées d'environ 30 mètres, le sentier est suivi par un passage de tracteur que je suis doucement en surveillant la surface des céréales.
La parcelle s'élargie ensuite sur la droite en suivant la haie qui fait 2 virages successifs à 90°, je continue à suivre doucement le passage de tracteur. Un peu plus loin un passage enherbé de 2 ou 3 mètres de large s'avance dans l'orge en prolongement d'un petit talus enherbée s'éparant la petite parcelle de lin d'une bande d'orge remontant vers la vigne un peu plus loin. J'aperçois alors un brocard venant du lin qui s'arrête dans l'herbe haute du talus au coin de la petite parcelle. Je me baisse et l'observe, il se couche rapidement, seule sa tête dépasse de l'herbe. Je m'avance lentement à 4 pattes en surveillant de temps en temps le brocard et rejoins ainsi la bande d'herbe haute partiellement couchée par la pluie. La végétation n'est plus assez haute pour me cacher je m'allonge donc à plat ventre dans cette herbe mouillée et commence à ramper doucement en couchant doucement l'herbe devant moi avant d'avancer. Le chevreuil est encore à 50 mètres et je le perds de vue dès que je suis à plat ventre. Je regarde de temps en temps en me relevant un peu et alors que j'ai à peine gagné 10 mètres je me rends compte que mon chevreuil a disparu. Je le cherche un instant du regard sans succès puis me redresse et avance doucement voûté contre l'orge à ma gauche, décocheur accroché et prêt à armer.
Quelque repousses de colza et des herbes hautes délimite la bordure de l'orge et du lin et me cachent la vue sur la gauche. Je me rapproche peu à peu du lin et alors que je ne suis plus qu'à 10 ou 12 mètres de bord de la culture, un mouvement derrière les herbes hautes me fait stopper net. C'est le brocard qui revient doucement pour tenter de m'identifier. J'arme doucement mon arc, il s'arrête et m'observe un instant. La végétation est trop épaisse pour tirer au travers sans risquer de dévier ma flèche. Le brocard s'avance encore un peu, je le suis dans mon viseur et la végétation est maintenant beaucoup plus claire. Ma visée est calée, il s'arrête à nouveau plein travers, je décoche. L'impact retentit, le brocard démarre en trombe mais titube presque aussitôt et s'effondre après à pleine 15 mètres de course dans le lin.
J'attends un peu sans bouger en surveillant l'endroit où le brocard a disparu puis m'avance vers le lin pour chercher ma flèche mais vu l'épaisseur de la culture que je ne veux pas abîmer en la piétinant c'est peine perdue.
Je trouve très vite du sang, la piste est facile à suivre bien que je puisse aller directement à mon chevreuil sans la suivre, je décide de tout de même suivre le sang.
Je retrouve vite mon brocard allongé sur le flanc.
Ma flèche est rentrée en avant de l'épaule et ressort plus de 30 cm plus en arrière de l'autre côté, traversant les poumons. J'appose le bracelet et attache les pattes de mon chevreuil avant de le charger sur mon épaule, je suis trempé, il est temps de rentrer.
Alex