Ce matin, j'ai décidé d'aller chasser à Sarrancolin pour essayer de faire ma biche. Je me lève vers 5 heures pour me préparer, en sortant pour prendre ma voiture, je jette un coup d'œil à la lune dont les informations nous ont beaucoup parlé la veille. L'éclipse est encore partielle mais la lune recommence à s'éclairée petit à petit. Sur le trajet vers les Pyrénées, je pourrai profiter de ce phénomène en regardant par moment par la vitre de ma voiture. Arrivé à Sarrancolin, je prends un chemin de pierre qui remonte vers une ferme perdue dans la montagne et me gare dans le dernier virage. Je me prépare rapidement puis remonte à pied vers la ferme. Les lumières de Sarrancolin scintillent dans la vallée, un brame retentit sur le penchant de droite. Arrivé à la ferme, je prends à gauche et commence à remonter pour rejoindre un chemin de terre qui va me conduire au col, le début de la montée est assez raide puis bifurque à 90° et la pente devient moins raide. Je passe une grange devant laquelle pousse un gros châtaigner puis passe sous la clôture électrique qui délimite la pâture des vaches et commence à avancer sur un chemin enherbée qui remonte vers le col au milieu d'un penchant de fougères. Pas de biche dans le secteur ce matin. Arrivé au sommet, je jette un coup d'œil sur une petite esplanade enherbée au milieu des fougères et des genêts, toujours rien. Je continue donc en suivant un petit chemin de terre qui remonte vers un bois de hêtre. Alors que le chemin s'aplani puis commence à redescendre tout doucement, je passe à côté d'une bande de régénération de hêtres à ma droite. J'avance tout doucement en la surveillant quand j'aperçois un animal, à environ 12 mètres, au milieu des jeunes hêtres, la luminosité n'est pas encore très bonne et je pense un instant à un chevreuil mais alors que je m'approche doucement, je me rends compte qu'il s'agit d'un jeune cerf de l'année en train de manger des feuilles. Je me fige à 5 ou 6 mètres de lui pour l'observer mais il lève brusquement la tête vers moi, m'observe un court instant puis disparaît dans la régénération.
Je reprends ma progression lente mais il n'y a pas d'autres animaux dans ce secteur ce matin. Le chemin tourne à gauche pour redescendre vers le col en passant dans un tunnel formé par des houx et des noisetiers. J'avance tout doucement car les brindilles et les petits graviers sont bruyants. En débouchant sur le col enherbé et ponctué de genets. Je scrute le paysage à la recherche d'un animal sans succès. Plusieurs cerfs brament dans les bois du penchant de droite qui fait partie de la société de chasse voisine. Je m'attarde un instant à les écouter avant de rejoindre la piste pour remonter plus haut, vers un chemin forestier qui suit la courbe de niveau au milieu de la hêtraie. Je suis un instant la piste jusqu'à rejoindre une autre piste, taillée dans la roche qui prend à gauche pour rejoindre un enclos de régénération. Je la suis un moment puis arrivé au niveau d'un abreuvoir alimenté par une source captée plus haut, je commence à remonter au plus raide pour rejoindre la piste forestière. C'est un passage très emprunté par les animaux qui viennent boire et se baigner dans les nombreuses sources qui ressortent dans le secteur et longent le grillage de l'enclos que je rencontre très vite à ma gauche. Les sangliers ont donné pas mal de coups de nez dans une zone de buis. J'arrive enfin à la piste et commence à la suivre.
Au-dessus du chemin, le bois de hêtres est clair et permet de voir presque jusqu'à la crête à environ 200 mètres alors que sous le chemin les grands arbres dominent des zones de régénération épaisses où les animaux peuvent se cacher. J'avance doucement en surveillant alternativement les 2 côtés du chemin. Le sol est marqué de nombreuses traces et projections de boue, toutes les flaques du chemin servent de souilles pour les cervidés et les sangliers et le secteur semble très fréquenté.
Malgré les nombreux indices de présence, je n'arrive pas à voir le moindre animal, le brame des cerfs retentit çà et là dans la montagne et je décide de redescendre vers le col par la piste et profitant de cette belle musique automnale. Arrivé au col, je remonte vers le tunnel d'arbre et reprends le chemin de terre en direction de l'esplanade enherbée de laquelle part le chemin que j'ai pris pour monter ce matin. Le brame puissant d'un cerf retentit, il semble venir des fougères sur la gauche de l'esplanade.
Je descends rapidement vers la zone de fougères alors que le cerf continue à bramer et qu'un second se met à lui répondre plus bas dans la pente mais semble se rapprocher. Je me faufile à travers les genets et les fougères pour rejoindre le bord du bois puis commence à le longer doucement en me dirigeant vers le brame. J'aperçois vite le cerf au-dessus de moi dans les genêts, il ne me semble pas très gros mais j'espère qu'il est accompagné de biches.
Je commence une approche en avançant sur la pointe des pieds et en allant d'un gros hêtre à un autre. Le cerf semble revenir vers le bois en bramant et je le perds un instant de vue. Je continue mon approche jusqu'à un très gros hêtre derrière lequel je me cale pour observer le cerf qui est maintenant à 15 mètres devant moi dans les genets. Il tourne brusquement la tête vers moi, il a vu quelque chose mais ne m'a pas identifié. Il est beaucoup plus gros que ce que je pensais, c'est un magnifique 9 cors.
Je tente de le filmer avec mon appareil photo mais je n'ai plus assez de batterie et le film s'interrompt à peine commencer. Son concurrent, en contrebas sur ma gauche, se tait et semble s'éloigner. Le cerf me fixe un moment puis pousse un long brame comme pour me défier puis un plante ses bois dans les genets et balance sa tête, d'un côté à l'autre un instant, détruisant ainsi la végétation devant lui avant de redresser la tête et de regarder à nouveau fixement vers moi. Il commence ensuite à s'avancer doucement vers moi de quelques mètres puis se fige à nouveau et me fixe avant de se remettre à pousser un brame puissant. Il recommence à balancer sa tête dans les genets. Le spectacle est magnifique, ce cerf majestueux n'est qu'à 10 ou 12 mètres devant moi et n'arrive pas à comprendre ce que je suis. La présence proche, juste à ma droite, du gros hêtre est tout de même assez rassurante car, en cas de charge, il fera un bon écran.
Le face à face dure ainsi plusieurs minutes.
Finalement, le grand roi décide de faire demi-tour et de remonter tranquillement dans les genêts. Alors qu'il s'est éloigné de quelques mètres, je pousse un raire puissant qui le stoppe net et lui fait faire un demi-tour sur place. Il me fixe un moment intrigué puis bifurque et biaise pour me contourner par ma droite et tenter de me prendre au vent. Il avance tranquillement dans les genêts et les fougères, seul le haut de sa tête et ses bois dépassent de la végétation.
Je pousse plusieurs raires successifs qui finissent par le stopper mais le vent qui a tourné finit par me trahir et il fait brusquement volte-face et remonte dans la végétation au petit trot, portant fièrement sa tête haute. Je finis par le perdre de vue à environ 35 mètres dans la végétation plus haute et épaisse. Je quitte donc mon poste et remonte moi aussi dans les genets pour l'apercevoir à nouveau. Il s'est arrêté en crête et regarde vers moi un instant
puis se tourne et plonge dans le bois sur la gauche. Le soleil est déjà haut et la température de plus en plus élevée, je décide de rentre. Je pars donc rejoindre le chemin enherbée qui redescend vers la ferme et appelle ma compagne pour l'avertir que je vais rentrer d'ici 1h30. Nous discutons un peu alors que j'attaque ma descente par le chemin quand un galop retentit plus de 100 mètres en contrebas dans les fougères. Je tourne la tête et aperçois une belle biche qui fonce vers le bois plus en contrebas. Elle fait une pause à environ 200 mètres et tourne la tête vers moi pour identifier la menasse
puis repart et plonge dans le bois. Je continue mon chemin tout en discutant un moment. Il fait un soleil magnifique et je profite encore un peu de paysage en chemin.
Le chemin bifurque maintenant à 90 ° à droite pour descendre droit vers la ferme.
Je passe la ferme puis retombe sur le chemin de pierre sur lequel je suis garé un peu plus bas. A mi-chemin entre la ferme et ma voiture, je surprends un écureuil affairé à fouiller les feuilles mortes sur la gauche du chemin. Il fonce se réfugier dans la fourche d'un arbre tout proche. Je reste un moment à l'observer alors qu'il reste plaqué contre le tronc.
Il finit par décoller sa tête et regarder vers moi en battant nerveusement de la queue tout en poussant des petits cris de protestation.
Je décide de le laisser tranquille et reprends ma marche ce qui le fait fuir. Je rejoins ma voiture un peu plus bas, il est temps de rentrer à la maison.
Alex