Aujourd'hui, c'est notre dernier jour de chasse en Guyane, nous nous réveillons tranquillement alors que le jour se lève, la nuit a été courte. Je prépare un peu mes affaires puis pars faire la vaisselle de la veille au bord de la crique. En arrivant près du fleuve, je dérange des dizaines de petites grenouilles feuilles qui sautent en tous sens devant mes pieds. Les petits poissons se regroupent pour venir manger les derniers grains de riz qui tombent dans l'eau. Nous nous retrouvons ensuite pour déjeuner et discuter de la chasse d'aujourd'hui. Nous allons partir pour une journée de chasse non-stop et nous retrouverons vers 17 heures pour plier le camp avant le retour. "Scarabée" partira chasser, comme hier, de l'autre côté de la crique, Xavier partira en longeant le fleuve et je vais m'enfoncer dans la forêt à 90° de la crique. Le déjeuner terminé, nous préparons nos affaires puis partons en chasse. Xavier est parti devant, en arrivant près du marais évité hier, je tombe sur ses traces dans la boue fraîche ainsi que sur les traces d'une grosse biche rouge.
Je n'ai pas dû prendre assez à gauche et longe donc le marais pour m'éloigner des traces de Xavier et ne pas le déranger dans sa chasse.
Vu son allure de marche, il doit de toute façon être déjà loin. Je tombe rapidement sur les traces pas bien vieilles d'un tapir qui a traversé le marais et biaise vers le fleuve.
Je longe un moment le marais en partant vers la gauche pour trouver un passage à sec et tombe sur une belle libellule bleue.
J'avance doucement en chassant mais pas le moindre gibier en vue. Les zones de végétation épaisse alternent avec des zones bien dégagées au bord desquelles je me poste parfois un moment pour observer avant de me remettre en marche. Plus loin, je remonte sur une colline puis redescends doucement vers un nouveau marais où l'eau est moins présente et qui pourra être traversé sans me mouiller les pieds. Je me positionne un moment au bord du marais pour observer les alentours. De nombreux grands palmiers ont colonisé le secteur, le sol est couvert de grandes palmes sèches tombées, l'eau qui ruisselle doucement de flaque en flaque est très peu profonde. Au bout d'un moment, je décide de traverser pour aller jeter un coup d'œil de l'autre côté. J'avance doucement en cherchant les zones sèches et les racines pour poser mes pieds. Au moment où j'arrive sur l'autre rive, un fracas terrible retentit dans mon dos. Je me retourne alors et constate qu'une très grosse branche couverte de plante épiphytes vient de s'abattre au sol à l'endroit même où j'étais posté il y moins de 2 minutes. J'aurais pu être écrasé.
Je reprends ma progression lente et mes pauses d'observation mais le gibier est absent aujourd'hui. J'en profite pour observer la forêt et profiter, pour mon dernier jour, de cette ambiance particulière. Un petit lézard se camouflant parfaitement avec le sol forestier se débine devant moi.
Il fait très beau et chaud aujourd'hui, le sol couvert de feuilles mortes est craquant et bruyant. L'effet de surprise d’une approche est compliqué, je continue tout de même ma technique de chasse en essayant d'éviter les débris végétaux craquants. Un papillon transparent volette à mes pieds et se repose sur les feuilles mortes.
En continuant, je tombe sur une petite crique étroite qui serpente dans la forêt, je la suis pour tenter de trouver un passage pour la traverser à sec et lève un grand tinamou sur la berge opposée dans une zone de végétation très dense. Je finis par trouver un passage et traverse, je pars dans la direction de fuite du grand tinamou mais il m’aperçoit trop tôt et se relève à quelques mètres sans que je puisse le voir au sol pour disparaître dans la forêt. Plus loin, je tombe sur un motmot houtouc perché à quelques mètres du sol devant moi. J'ai déjà vu ce bel oiseau très coloré lors du premier séjour en forêt mais je n'avais pas remarqué que les 2 plumes centrales de sa queue avaient une forme très particulière car elles sont plus longues que les autres mais possèdent une partie où la tige centrale est à nu.
Je filme un moment ce motmot houtouc
puis éteins mon appareil photo, c'est alors que j'aperçois un second motmot juste un peu plus haut dans l'arbre. Ces oiseaux peu farouches me laissent passer près d'eux alors que je reprends ma progression. Le temps passe et je décide de faire une pause vers midi, Je m'assoie sur un tronc tombé au sol pour tenter un petit affût. Rapidement une ronde d'oiseau arrive et commence à tourner en piaillant autour de moi. Plusieurs petits oiseaux de différentes espèces s'agitent tout autour de moi quand un trogon à queue blanche vient se poser dans mon dos.
Je tente de le filmer un peu et essaie de filmer aussi les autres oiseaux autour de lui.
Le temps passe à observer ces oiseaux mais rien ne vient à part eux. Je décide de quitter mon poste pour tenter de trouver la cascade dont m'a parlé Xavier. J'avance tranquillement quand je tombe sur une petite grenouille feuille dont le camouflage, sur le sol forestier est quasi parfait, je la prends dans ma main mais n'arrive pas à faire la netteté sur elle avec mon appareil photo.
Je la relâche et continue. Un bruit d'eau emplit peu à peu la forêt et je finis par arriver à la fameuse cascade qui est en fait plus un petit rapide. Le décor est magnifique, un premier passage rocailleux
en précède un second plus court.
En remontant un peu le long de la crique, je tombe sur une sorte de saignée fraîche bien maquée dans les feuilles mortes et la terre humide. En me rapprochant, je constate qu'il s'agit en fait d'une coulée fraîche de tapir dont les traces descendent de la colline vers la crique. Il a dû passer cette nuit.
Je remonte un instant en suivant les traces vers le sommet de la colline mais le sol devenant plus sec, je perds vite les empreintes et abandonne cette piste pour continuer ma chasse en progressant tranquillement. Un peu plus loin, un bruit de feuilles me fait lever la tête. J'entre-aperçois alors des singes hurleurs qui se déplacent dans les branchages au-dessus de moi. Je me fige et les observe un moment. L'un d'eux vient alors vers moi et s'arrête dans une trouée des branchages au-dessus de moi à environ 20 mètres de haut. J'hésite, le singe hurleur est chassable en Guyane pour la consommation, plusieurs chasseurs ayant chassé dans le département m'ont dit qu'il fallait avoir chassé et mangé du singe pour avoir fait l'expérience de la Guyane. Le singe n'a toujours pas bougé, je sais qu'en tirant, je vais perdre ma flèche mais je me décide. J'arme mon arc et prends la visée, je ne crois pas trop à la réussite de mon tir. Le singe n'a toujours pas bougé, je décoche. Je vois bien partir ma flèche et entends distinctement l'impact. Elle a traversé le singe mais trop en arrière. Je l'ai bien vu rentrer dans l'abdomen et regrette déjà d'avoir lâché cette flèche. Touché par ma trilame Q.A.D exodus, le singe avance d'à peine 1 mètre sur la branche et s'immobilise en faisant le dos rond. Je l'observe impuissant en maudissant ma décision d'avoir décoché sur cet animal.
Des gouttes tombent sur les feuillages du sol forestier. Ses congénères se mettent alors à pousser les cris de fureur et s'agitent au-dessus de moi sans comprendre ce qui vient de se passer. Le singe se remet à avancer un peu et je le perds de vue dans le feuillage des arbres. Je décide d'enregistrer le cri des autres singes hurleurs qui est vraiment impressionnant.
Je m'en veux vraiment d'avoir décoché mais maintenant, il va me falloir récupérer mon singe hurleur et assumer jusqu'au bout. Je pars vers les gouttes tombées au sol et constate qu'il s'agit de contenu stomacal, pas la moindre goutte de sang. Au bout d'un moment à le chercher du regard, je finis par l'apercevoir. Il est immobile, tête vers le bas, dans la fourche d'un arbre d'environ 30 mètres de haut, à environ 20 mètres du sol. Sa queue s'est enroulée autour du tronc et sa main s'est crispée sur une branche. Il est mort mais est calé de telle façon qu'il ne peut pas tomber. Je décide d'attendre un moment en espérant le voir tout de même chuter. Le vent se lève et agite les arbres et j'ai bon espoir mais il est bien accroché et ne bouge pas d'un millimètre.
Les autres singes finissent par s'éloigner peu à peu et les cris s'estompent. Je regarde l'heure, il est 14 heures passé, le rendez-vous au camp est à 17 heures, je prends le point GPS du pied de l'arbre sur lequel est mort mon singe, jette un coup d’œil autour de moi pour mémoriser les alentours et prends en repère un gros arbre à contrefort puis pars d'un pas rapide vers le camp en me dirigeant avec ma boussole et mon GPS. En route, je fais décoller un gros oiseau et certainement démarrer un cariacou mais sans pouvoir réellement les identifier. Je finis par arriver au camp 750 mètres plus loin. Je suis trempe de sueur, je pose mon arc, enlève ma tenue 3D et attrape le sabre avant de repartir d'un pas rapide vers mon point GPS pris sous le singe. De retour sur la zone du tir, je ne retrouve pas mon singe, mon GPS m'annonce sa présence à quelques mètres, je m'éloigne, reviens, m'éloigne à nouveau et constate peu à peu que tous les arbres se ressemblent. Je finis tout de même par apercevoir mon singe toujours calé dans la fourche de son arbre. Il est 14h45, je commence à attaquer de couper l'arbre de plus de 20 cm de diamètre, au sabre, à environ 1,5 mètre du sol. Les coups de sabre s'enchaînent et je finis par venir à bout de l'arbre qui commence à craquer. Je me méfie pour ne pas qu'il me tombe dessus. Je le secoue et il finit par se rompre et tomber au sol mais il se cale en biais sur d'autres arbres. Malgré l'impact violent, le singe n'est pas tomber au sol et je l'ai perdu de vue dans les feuillages.
Je tente de pousser le tronc pour le faire tomber au sol mais il s'est planté dans la terre et est trop lourd. Je décide d'en recouper un morceau et recommence à attaquer le tronc en biais à environ 2,5 mètres de la première coupe mais je tombe sur un nœud dans le bois et peine beaucoup plus que la première fois à en venir à bout. Au bout de 20 minutes environ, l'arbre commence à craquer et je finis de le casser en le secouant, le morceau tombe au sol et l'arbre descend un peu mais il est encore trop lourd pour que je puisse le faire bouger.
Je recommence donc à couper le tronc incliné à 2,5 mètres du sol. Les coups s'enchaînent et la peau de ma main commence à se détacher, de grosses ampoules qui se sont formées commencent à se percer et à se déchirer et le contact du manche du sabre devient de plus en plus douloureux mais je dois continuer et récupérer mon singe pour revenir au camp à l'heure. La douleur de plus en plus vive m'oblige tout de même à changer parfois de main et à faire de courtes pauses. Je finis par venir à bout du tronc. Cela fait plus d'une heure que je donne des coups de sabre.
Je tente à nouveau de pousser le tronc, je le cale sur mon épaule et pousse de toutes mes forces et cette fois, il bouge. J'arrive ainsi à le pousser sur environ 5 mètres ce qui le fait encore descendre un peu mais les branches de 2 autres arbres plus petits le retiennent. Je ne peux pas le pousser plus. Je reprends donc le sabre pour commencer à couper les arbres qui le retiennent. Je m'attaque au premier, les vibrations provoquées par mes coups dérangent un iule de près de 20 cm de long qui grimpe sur le tronc jusqu'à la zone de coupe.
Je l'attrape et le pose au sol alors qu'il s'est roulé en boule pour éviter de le couper puis je reprends mes coups de sabre et finis par tomber ce 2ième arbre qui libère un peu l'autre tronc qui descend encore un peu mais toujours pas de singe en vue. Je m'attaque donc à un troisième arbre qui retient encore mon arbre. A croire que ce singe veut vraiment me faire payer mon tir. Ma main est très douloureuse, la peau est partie à 4 endroits. Le temps passe et je tente de couper le plus vite possible, déjà presque 2 heures que je coupe des arbres. Entre 2 coups, il me semble entendre une voix puis je reconnais la voix de Xavier et lui répond. Il était dans son hamac au camp quand je suis passé chercher le sabre tout à l'heure et m'entendant taper depuis tout à l'heure il a décidé de venir à ma rencontre. Je le guide à la voix tout en finissant de couper le 3ième arbre.
L'arbre à terre, je recommence à pousser le gros tronc et parviens à le descendre encore un peu et recommence à en couper un bout. Quand Xavier arrive je lui explique la situation. Il décide de me remplacer pour terminer de couper le morceau du tronc qui en s'abattant au sol dégage cette fois le singe qui n'est maintenant plus qu'à 5 ou 6 mètres du sol. Xavier décide alors de couper une longue perche et parvient ainsi à dégager le singe qui tombe alors au sol. Je ramasse ma prise et nous rentrons, Xavier avance sans même consulter le GPS. En chemin Xavier entend démarrer un gros animal sans que nous puissions le voir. "Scarabée" tape au loin sur un arbre à contrefort et cri pour nous guider vers le camp. Nous finissons par arriver. Je suis exténué. "Scarabée" est dégoûté de me voir rentrer avec un singe : "tu as tué ton cousin !", "Je préfère être bredouille que d'avoir fléché un singe". Je suis loin d'être fier de ma prise et de ma mauvaise flèche et ces paroles finissent de me conforter dans cette amertume et de me faire encore plus regretter mon tir. Jamais dans ma vie d'archer je n'ai regretté à ce point d'avoir tiré un animal.
En m'attendant, mes collègues ont déjà plié le camp et nous finissons de charger la barque avant de partir. Je quitte mon T-shirt trempé et enfile un sweet pour le retour. Je mets ensuite mon singe au frais dans la glacière avec les 2 aïmaras. Xavier pensait pouvoir chasser les cochons bois sur le retour mais il est déjà tard et il fera très vite nuit. Sur le chemin du retour, Xavier m'explique que bien que les singes soient chassables, il se bat depuis des années pour que ses amis chasseurs ne les tirent plus et m'explique également que les singes hurleurs ont un faible taux de reproduction et un fort attrait touristique et que leur présence en forêt permet de faire tomber des fruits pour les autres animaux et permet une dissémination des graines contenues dans leurs excréments. Je ne suis pas prêt de recommencer à tirer un singe. Xavier est tombé sur un secteur où les pécaris étaient passés peu de temps avant
mais il n'a pas réussi à les recouper, il a également vu beaucoup de traces de biche rouge dont une qui est venue manger des fruits à 50 mètres du camp pendant la nuit dernière. "Scarabée", de son côté a réussi à prendre une très belle photo du même lézard que celui que j'ai photographié sur le premier séjour,
il a également trouvé de belles traces de tapir
et a pu également photographier une très belle tortue charbonnière.
Cependant, il n'a pas eu d'occasion de tir. La barque file sur le fleuve et j'ai l'impression que j'ai un peu plombé l'ambiance du séjour. "Scarabée" est silencieux à l'avant de la barque alors que le ciel se teinte de couleurs rosées alors que le soleil se couche peu à peu.
La nuit finit par tomber et un très fin croissant de lune orienté vers le bas et accolé à une grosse étoile se lève. Je n'avais jamais vu un tel croissant de lune et une étoile si brillante et si proche de cet astre.
La nuit noire s'installe et "Scarabée" doit éclairer l'avant de la barque pour surveiller les rochers. Nous arrivons au débarcadère éclairé par une très forte lumière produite par un éclairage situé sous le pont. Xavier nous explique que ce dispositif est destiné à piéger une sorte de papillon produisant une sorte de poudre très irritante pendant son volet provoquant la papillonite. Nous accostons et déchargeons nos affaires pour charger le pickup que Xavier part chercher. Ce soir "Scarabée" a prévu d'aller voir des amis à lui présents en Guyane et nous le laissons donc ici où ses amis vont venir le chercher. Xavier a décidé que nous allions aller faire une petite virée au caïman avant de rentrer. Nous partons donc tous les 2 pour un coin que Xavier connaît bien. Arrivés sur place, nous mettons la barque à l'eau et embarquons toutes les affaires pour éviter de nous les faire voler puis commençons à remonter le fleuve. Les nuages ont remplacé les étoiles et il tombe quelques gouttes par moment. Nous naviguons un moment sans voir de caïman puis en repérons un, je me prépare et me lève pour le flécher. Je ne vois pas s'il est gros, j'arme, allume ma lampe et commence à viser mais Xavier me parle et je comprends qu'il est trop petit. Je ne décoche donc pas et le caïman plonge, Xavier me demande pourquoi je n'ai pas tiré et je lui explique que j'ai compris qu'il était petit. Il me disait en fait de ne pas tirer s'il était petit mais il était bien plus gros que tous ceux que j'ai fléchés sur ce séjour. Je me rassoie dépité.
Un peu plus loin, Xavier repère un autre caïman posé sur la berge, tête orientée vers l'eau. Nous le dépassons sans qu'il bouge, je me prépare alors que Xavier manœuvre pour faire demi-tour. Il revient doucement sur l'animal qui ne bouge toujours pas. Je me lève, et arme mon arc puis allume ma lampe d'arc et prends la visée sur le saurien. Je laisse la barque se rapprocher doucement en pensant à ce que m'a dit Xavier. Nous ne sommes plus qu'à 2 ou 3 mètres du caïman et une fenêtre large s'ouvre au travers des branchages. Je décoche et touche ma cible qui plonge avec ma flèche. Je rembobine mon câble et décide d'accoster pour l'achever. Xavier avance le nez de la barque sur la petite plage de sable où je descends avec le sabre. Je remonte alors le caïman sur la berge, lui ferme la gueule avec la main, dégage ma flèche en dévissant la pointe puis lui tranche la nuque avec le sabre. Je lui scotche ensuite le museau, revisse ma pointe et remonte sur la barque en vérifiant bien que je n'oublie pas le sabre. Je cale le caïman entre la glacière et la coque de la barque.
Une pluie épaisse commence à tomber et il nous faut nous équiper de nos tenues pluie. Un peu plus loin Xavier repère un œil rouge à l'entrée d'une crique et me l'annonce avant de faire demi-tour. Je me prépare, nous rentrons doucement dans la crique sous une pluie battante en balayant le secteur avec les faisceaux de nos frontales sans voir le caïman quand, tout à coup, je l'aperçois contre la berge de gauche. Il est tourné face à moi et je ne vois que sa tête. J'arme, allume ma lampe d'arc, vise et décoche. Touché, le caïman plonge. Il sera plus facile de le maîtriser sur la rive, je demande donc à Xavier s'il peut me rapprocher du bord mais les troncs bloquent le moteur, je rame donc pour accoster.
Une fois à terre, je rembobine mon câble. Le caïman lute et zigzague sous l'eau avant de refaire surface contre la berge à mes pieds. Le câble est tendu, je l'attrape à la main pour empêcher le caïman de repartir. Xavier qui a vu que le reptile était piqué juste à une patte me dit de faire attention qu'il ne se dégage pas. J'attrape la flèche et la pique dans le sable pour ne pas prendre le risque de la voir se détacher. Le reptile se débat furieusement gueule ouverte et je cherche un bâton pour le lui faire mordre et en profiter pour lui fermer la gueule mais, le bâton trouvé, je n'arrive pas à le lui faire mordre. Xavier veut me faire passer le sabre mais je saisis le museau du caïman et le soulève puis retire ma flèche qui ne le tenais que par l'épaule en dévissant ma pointe.
Je relâche alors un peu ma garde et le caïman en profite pour se débattre et une de ses dents m'enlève un petit bout de peau au bout d'un doigt. Je ne l'ai pas lâché et lui ferme la gueule avec du scotch puis récupère le sabre et l'achève en lui tranchant la nuque. Je rembobine mon câble, revisse ma pointe et remonte dans la barque avec mon arc et le caïman que je pose sur un côté de la barque. M'apercevant que j'ai oublié le sabre, je fais demi-tour pour le récupérer puis nous repartons.
Plus loin Xavier repère un autre caïman, le plus gros de la soirée. Il est contre la berge de gauche et nous laisse passer. Xavier manœuvre alors que je me prépare. Je me lève alors que Xavier revient vers le caïman. Il est plein travers contre la berge. J'arme, allume ma lampe et prends la visée puis décoche sur lui à 3 ou 4 mètres mais je passe dessous. Il n'a même pas bougé, je rembobine mon câble mais ma flèche est plantée dans la rive et j'ai beaucoup de mal à la récupérer. Je décide de flécher le caïman à la flèche chasse mais Xavier m'en dissuade car il craint qu'on perde le reptile qui risque de couler. J'insiste donc pour récupérer ma flèche pêche et finis par faire plonger le caïman. Je lutte encore un instant car ma flèche qui finit par sortir de la berge s'accroche à une branche. Xavier m'annonce que le caïman est ressorti un peu plus loin. Il me rapproche et je dégage ma flèche.
Je me reprépare et nous recommençons une approche sur le caïman à nouveau plein travers. Je me lève, arme, allume ma lampe, vise et décoche de près mais le manque encore. Cette fois, il plonge rapidement et je récupère ma flèche sans comprendre comment j'ai fait pour manquer 2 flèches aussi faciles. Xavier m'annonce que le caïman est à nouveau en surface, je n'en reviens pas, il est complètement inconscient. Nous l'approchons doucement alors qu'il nage en surface pour se caler sur une branche qui descend dans l'eau. Il est calé et se présente de dos, dépassant de l'eau jusqu'aux épaules. Je vise au-dessus des épaules et décoche. Cette fois, ma flèche a touché le caïman qui plonge mais remonte vite en surface. Ma flèche a, pour la première fois, complètement traversé le reptile qui est enfilé sur le câble. Je tente de le ramener mais le câble est emmêlé dans les branches. Je finis par dégager le câble et ma flèche libérant le reptile qui s'avance en pleine eau sur le fleuve tout en restant en surface. Je rembobine mon câble mais il se débat furieusement et vient se caler contre la barque. Je décide de le laisser repartit et de le flécher avec une lame de chasse pour en finir. J'attrape la première flèche de mon carquois, c'est une lame mécanique, je décide de la tirer quand même. Le caïman qui s'est avancé un peu sur le fleuve est un peu loin. Je le ramène un peu en tirant sur le câble. Me redresse, arme allume ma lampe d'arc, vise et décoche le touchant comme je le voulais au cou. Ma flèche remonte en surface avec son encoche lumineuse rouge. Le caïman, qui a plongé, remonte un peu plus loin mais saigne beaucoup. Il tente de se maintenir en surface mais coule à pic.
Je le ramène avec mon câble et le remonte facilement sur la barque car il est mal en point. Il ouvre tout de même la gueule et je la lui ferme avec le rouleau de scotch avant de dégager ma flèche que je dois repasser au travers de l'animal en enlevant la pointe.
Je pose ensuite le caïman dans la barque et l'achève avec mon opinel puis revisse ma pointe et rembobine mon câble. Les 3 caïmans auxquels j'ai droit sont morts, nous rentrons. Sur le retour, nous ne verrons pas d'autre caïman. La barque sur la remorque, nous reprenons la route pour Kourou. Xavier repère un gros pian sur le bord de la route et me le montre. En arrivant chez Xavier nous retrouvons "Scarabée" qui est déjà rentré. Nous déchargeons les affaires et rangeons un peu puis je pars vider mon singe avant de le remettre au frais. Je m'occuperai de le préparer demain ainsi que mes caïmans.
Nous partons manger un bout, de bonnes ailes de poulets préparés par la Doudou de Xavier et le reste du pac du repas avec les chasseurs. La chasse m'avait fait un peu oublier ma main mais alors que, après ce bon repas, je pars me doucher le contact du savon sur la chair a vif est très désagréable.
Ma douche terminée, je pars me coucher.
Alex
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