Ce soir le temps est menaçant, en sortant du boulot, je pars chasser sur Labéjan. Sur la route, il commence à pleuvoir, en arrivant à 300 mètres de l'endroit où je me gare habituellement, j'aperçois 2 chevrillards qui sortent du bois à ma gauche et viennent vers la route. En apercevant ma voiture, ils font demi-tour et reviennent au galop vers le bois. Je ne ralentis pas et pars me garer puis je me change rapidement alors que la pluie s'est déjà calmée. Je reviens rapidement par la route vers les chevrillards, le vent souffle dans mon dos mais ils sont déjà à couvert quand j'arrive. Je quitte donc la route, j'escalade le talus du fossé puis pars à travers champ vers le bois qui domine les maïs. Je rejoins la bordure de ce dernier qui se poursuit par une grosse haie épaisse rejoignant un petit bosquet carré. Au niveau de ce bosquet, je profite d'une grosse coulée pour y rentrer. La pluie a mouillé le sol et ramolli les feuilles mortes ce qui me permet de traverser le petit bois sans trop de bruit, de plus les gouttes qui tombent des feuillages font pas mal de bruit et couvrent ma progression lente. Pas de chevreuil, je ressors dans un pré fauché et le traverse en biais pour rejoindre le coin rentrant du bois en L. Arrivé dans le coin, je rentre dans le bois par une grosse coulée et la longe doucement. A ma droite, le bois est assez dense et descend doucement vers le ru du déversoir du lac en amont. A ma gauche, il est assez clair et remonte vers la crête. J'observe le sous-bois en avançant tout doucement mais ressors de ce dernier dans un coin rentrant du bois qui borde maintenant les maïs sans avoir vu de chevreuil. Le vent s'intensifie et souffle vers moi, la pluie recommence à tomber également. Les conditions sont parfaites pour réaliser une approche.
Je descends vers le ru en longeant le maïs, rien dans le premier passage de canon, rien dans le second, rien sur la bande enherbée qui borde le ru. Je traverse ce dernier au coin du bois par un passage busé, rien de l'autre côté de la haie qui longe le ru, sur la bande enherbée qui borde l'autre parcelle de maïs. Je remonte donc en suivant la bordure du second maïs, je jette un coup d'œil rapide au trois passages de canon successifs sans succès de la bordure puis, après avoir jeté un coup d'œil sur le haut de la parcelle qui borde une parcelle travaillée, je fais demi-tour, hésite un peu puis décide de commencer par longer le passage de canon du milieu où j'ai fléché un pigeon colombin incapable de s'envoler le 5 octobre.
La pluie s'intensifie, le vent fort se lève face à moi et je suis très vite trempé. J'ai fait à peine 40 ou 50 mètres dans le passage qu'un chevreuil surgit sur la droite du passage à environ 150 mètres devant moi. Je rentre rapidement dans le premier sillon de maïs à ma droite et commence à le remonter rapidement en profitant des conditions météo exécrables qui cachent totalement le bruit de ma progression.
Je surveille, en me penchant doucement entre les pieds de maïs à ma gauche, de temps en temps, le chevreuil qui semble vouloir venir vers moi. C'est un brocard, peut être celui vu et approché le 5 octobre dernier, au bord du bois, un peu plus loin.
Alors que je ne suis plus qu'à 30 mètres, je jette à nouveau un coup d'œil au brocard, il est toujours paisible, je reprends ma progression rapide et me repenche à environ 10 mètres de lui, il vient vers moi sur 2 mètres environ puis se tourne plein travers la tête à droite dans le maïs, j'avance d'environ 2 ou 3 mètres, me penche doucement à gauche pour tirer entre les pieds de maïs en armant mon arc et prends vite ma visée pour décocher. Ma flèche frappe le brocard en avant de l'épaule, trop en avant, j'ai tiré trop vite, un bruit de fracture retentit et le brocard sursaute en poussant un cri rauque. Il rentre dans le maïs dans un grand fracas avec ma flèche en travers et semble se débattre sur place puis démarre pour foncer à toute allure dans le sillon à ma droite et chuter juste à côté de moi en plantant son nez dans la boue. Il se débat un court instant au sol et s'immobilise. Heureusement qu'il n'a pas pris mon sillon car il m'aurait fauché au passage car tout s'est passé si vite que je n'aurais pas eu le temps de l'éviter.
Je pose mon arc dans le passage pour marquer la position de mon brocard et pars chercher ma flèche que je trouve brisée en 2 morceaux, 2 mètres après le tir dans le maïs.
Pas mal de sang est visible dès le départ du brocard malgré la pluie très forte.
Je retourne à mon brocard mort sur le flanc. Ma flèche lui a cassé les 2 pattes avant et n'a pas touché les poumons ni le cœur. Il est difficile de comprendre comment il pouvait courir aussi vite avec les 2 pattes brisées.
J'appose mon bracelet puis le sors sur le passage pour faire quelques photos toujours sous une pluie battante. Je le traîne ensuite au bord du maïs coté route, le terrain trempé et argileux glisse et je peine à avancer. Je le laisse juste au bord du champ derrière le premier rang de maïs pour venir le chercher en voiture tout à l'heure. Le temps est idéal pour l'approche, je décide de reprendre ma chasse.
Je rejoins la route et repars vers la parcelle de l'autre côté du ru pour prospecter le long des passages de canon. Il me faut à chaque fois revenir à bon vent pour commencer mon approche et je dois contourner la parcelle pour démarrer côté bois. Des traces toutes fraîches de chevreuil me donne espoir dans le premier passage de canon mais leur propriétaire est introuvable. Une fois les 2 passages de cette parcelle faits, je retraverse le ru pour prospecter le passage le plus près du ru sur l'autre parcelle. J'arrive au bout sans rien voir, je décide donc de prospecter le dernier passage en haut de la parcelle mais je n'ai pas le courage de repartir en arrière pour attaquer à bon vent. Je remonte donc coté route le long du maïs, jette un coup d'œil sur le passage où j'ai fléché mon brocard sans rien voir puis poursuis ma route jusqu'au passage suivant et commence à le longer toujours sous une pluie assez intense. Très rapidement, un démarrage se fait entendre dans le maïs, à ma gauche, je fais rapidement demi-tour et me rends compte que le vent dans mon dos remonte un peu vers le haut du champ. j'ai dû être senti, je remonte au coin de la parcelle et aperçois une chevrette qui regarde vers moi, plein travers à 30 mètres environ dans le champ travaillé. Je suis à mauvais vent, elle m'aboie, je lui réponds, elle aboie à nouveau mais finit par démarrer, remonte vers la crête au galop et disparaît derrière le relief en se dirigeant vers la route. Je la vois réapparaître à 400 mètres environ dans le champ de colza vallonné de l'autre côté de la route alors qu’elle remonte après un creux du champ. Elle est plantée et ne bouge plus. Je décide de revenir dans le passage pour tenter d'apercevoir un autre chevreuil. J'avance doucement en surveillant les premiers rangs perpendiculaires au passage quand j'aperçois un chevrillard qui se débine dans une zone étroite d'herbes vertes, d'une 15ène de mètres de long, où le maïs n'a pas poussé. J'avance pour le suivre. Il bifurque pour remonter vers le haut du champ et s'arrête de cul à environ 12 mètres, j'arme mon arc et prends la visée mais je ne sens pas le tir et le chevrillard en profite pour repartir et disparaître dans les céréales. Je poursuis ma progression dans le maïs pour tenter d'apercevoir un autre chevreuil mais ne voyant rien je reviens à bon vent par le haut du champ mais le chevrillard ne se remontrera pas. La pluie s'est calmée, je suis complètement trempé et mes habits collent à ma peau et le frottement est assez irritant.
Je remonte vers ma voiture par la route alors que la luminosité baisse rapidement pour tenter d'approcher un chevreuil de l'autre côté de la crête où le maïs a été presque totalement moissonné. Ne reste qu'une bande étroite sur la droite du bosquet que le maïs bordait des 2 côtés. Je passe la crête et me dirige vers ce reste de maïs. Je jette un coup d'œil sur le haut de la parcelle puis pars en longeant doucement le bosquet mais il fera vite nuit. Pas de chevreuil ce soir. En arrivant au coin bas de la bande étroite de maïs, j'aperçois 2 chevreuils sur la bande enherbée. Ils m'ont vu avant que je les vois et remonte vers le bois. Il fait presque nuit. Je les perds vite de vue, 4 autres chevreuils passe la crête longée par le chemin de terre et rejoignent les 2 chevreuils que je viens de voir mais il fait trop sombre pour que je puisse les voir sur le champ travaillé. Je retourne à ma voiture et pars chercher mon brocard avant de rentrer.
Alex