Cette semaine un ami non chasseur de ma compagne est venu passer quelques jours dans le Gers et il voudrait m'accompagner à la chasse. Ce soir nous allons donc partir tous les 2 pour une petite virée sur Justian. Je lui ai prêté des habits camo et après quelques photos souvenir pour immortaliser cette tenue atypique nous prenons la route. J'ai décidé de l'amener sur un secteur où nous risquons de voir les sangliers. Le président de la chasse m'a demandé de faire un petit repérage dans le secteur car ces animaux font beaucoup de dégâts depuis un moment sur des plantations de vigne et il voudrait demander l'autorisation de faire une battue anticipée. Cette année, le sanglier est chassable à l'approche, à l'affût et en battue sur une partie du département, depuis le 1ier juin, mais pas sur cette zone.
Nous passons Vic Fezensac et poursuivons vers les silos de Roques quand j'aperçois, à 150 mètres de la route, sur la droite de la route, dans une prairie, un gros ragondin au gagnage. Je décide de m'arrêter pour tenter de le flécher. Je me gare au bord de la route et ma prépare. Mickael préfère me regarder de la voiture et me laisse partir seul. Le ragondin revient tranquillement vers un fossé situé à environ 40 mètres plus à droite. Je passe la clôture électrique et biaise pour rejoindre le bord du fossé. Le ragondin a disparu. Je rejoins le fossé et le longe, d'abord rapidement puis je ralentis en arrivant dans la zone ou le fuyard a certainement disparu. Je commence à tomber sur des terriers qui minent la berge opposée mais l'eau du fossé n'est pas boueuse. Je continue tout doucement quand j'aperçois, à l'entrée d'un terrier, la tête du ragondin qui m'observe à 6 ou 7 mètres. J'arme doucement et vise la tête du ragondin qui me fait face. Je décoche, ma flèche le heurte violemment et il s'effondre sur place.
Du sang s'écoule en abondance et colore vite l'eau autour du ragondin qui se met à trembler. Je traverse le fossé d'un bon et récupère ma flèche et ma prise. La flèche a ouvert la tête du ragondin en deux, du nez jusqu'aux oreilles puis rentre dans la boîte crânienne pour ressortir dans le cou et se ficher dans la paroi du terrier. Je nettoie un peu ma flèche et la remets au carquois puis reviens avec mon ragondin mais j'appréhende un peu la réaction de Mickaël vu les dégâts sur l'animal mais ce dernier bien qu'un peu surpris ne relèvera pas plus que ça. Nous reprenons la voiture et parton nous garer un peu plus loin au bout d'un chemin de terre, en face des silos de Roques, au milieu de bâtiments agricoles. Un pickup est garé un peu plus loin, j'en conclus que c'est le propriétaire qui doit être dans les environs et décide d'aller me présenter si je l'aperçois. Effectivement, quelqu'un travaille dans les vignes, nous partons à sa rencontre. C'est bien le propriétaire, il est très étonné de me voir avec un arc et je lui explique que je viens chasser de la part du président de la chasse. Ce dernier m'avait averti que j'aurais affaire à un bavard et effectivement une fois parti je n'arrive plus à m'en défaire de plus il parle très fort et mes espoirs de voir des animaux à proximité sont quasi nuls. Nous allons passer bien 30 minutes à l'écouter avant que je n'arrive à repartir chasser. Il nous explique qu'il a mis en route le canon à gaz et, qu'à la tombée de la nuit, il allume la radio de son tracteur garé près de ses plantations de vigne et me demande s'il doit ne pas l'allumer ce soir. Sachant qu'il allume tous les soirs et que les animaux lui font tout de même des dégâts, je me dis qu'il vaut mieux ne rien changer et lui dit de faire comme d'habitude.
Nous rejoignons le chemin de terre qui remonte doucement après les bâtiments. Il longe d'abord un bosquet sur me droite et une vigne sur ma gauche. Je surveille les rangées mais pas de chevreuils. La vigne fait place à un plantier de vigne sur lequel les sangliers font de gros dégâts. Il arraches régulièrement des plantons pour manger la paraffine qui protège le greffon pour la manger, il semble qu'ils en soient très friand et oblige le propriétaire des lieux à replanter régulièrement, de plus ils ont tendance à piétiner les autre plantons et faire pas mal de casse. Un peu après le coin du bosquet, sur la gauche du chemin, un gros pin est marqué par les frottements répétés des suidés qui ont mis les racines à nue et ont bien entamé l'écorce par endroit.
Des traces se dispersent dans le plantier.
Le canon à gaz détonne et me fait sursauter. Nous continuons doucement en surveillant les rangs de vigne de part et d'autre du chemin. Un peu plus loin, la vigne fait place à du blé. Je m'arrête un moment pour surveiller la surface des céréales. Un bosquet borde le fond du blé sur la gauche du chemin et l'ombre des arbres avance à mesure que le soleil descend sur l'horizon. Pas de chevreuil, je passe derrière le bosquet qui est longé par un bande étroite de blé et prend à gauche en longeant cette culture par une bande enherbée qui la sépare d'une vigne. En surveillant les rangées, j'aperçois un beau lièvre dans la vigne et le montre à Mickaël. Nous rejoignons, un peu plus loin, la bordure d'un autre bosquet et nous nous postons pour tenter quelques appels au Butollo mais rien ne vient.
Nous repartons en longeant doucement le bosquet qui redescend tranquillement vers la route à quelques centaines de mètres en contrebas. Tout à coup, un animal démarre dans le blé, à environ 20 mètres de nous, au ras du bosquet et rentre dans le bois avec un grand fracas. La végétation craque et s'agite sur la trajectoire de fuite de l'animal dans le bosquet. Je ne l'ai pas vu mais j'en suis sûr, il s'agit d'un sanglier. Le calme revenu, je m'avance pour chercher des indices qui pourraient confirmer mon impression mais le terrain est sec et je ne trouve que quelques ronces retournées. Il doit déjà être loin, nous reprenons notre progression lente et rejoignons un petit ruisseau qui longe la bordure de la propriété, dans une combe qui redescend jusqu'à l'Osse au fond de la vallée. Je surveille les vignes sur ma gauche et rejoints la bordure d'un très quand champ de blé qui s'étend jusqu'à la route. Un coup de canon tout proche me fait sursauter à nouveau. Nous longeons le blé en direction des bâtiments puis arrivons près du canon à gaz qui semble détonner toutes les 45 minutes environ. Nous redescendons par un passage de tracteur vers la route à travers blé. De grosses coulées marquent les céréales ponctuée de grandes zones couchées par les sangliers qui ont fait pas mal de dégâts. Nous nous arrêtons régulièrement pour observer les céréales. Les cailles chantent de toutes parts.
Alors que je suis en train de regarder la surface du blé, j'aperçois une caille qui décolle à environ 70 mètres et se repose un peu plus loin et alors que je demande, à voix basse, à Mickaël si il l'a vu, une seconde caille s'envole près de l'endroit où a démarré la première. Cette activité soudaine m'alerte, je fixe un instant l'endroit et me rends compte qu'un animal se déplace dans le blé qui bouge en le trahissant alors qu'il avance vers nous mais alors qu'il avance assez vite, le canon retentit et, en plus de me surprendre encore une fois, il provoque l'arrêt net du mouvement près d'un passage de tracteur. Je continue à fixer un moment l'endroit mais plus rien ne bouge. Je décide de descendre vers une zone couchée par les sangliers en m'arrêtant régulièrement pour observer. Impossible de revoir le moindre mouvement. En progressant très très lentement, j'arrive dans la zone dégagée et observe encore un moment puis commence à avancer tout doucement pour rattraper le passage de tracteur suivant. Je m'arrête au bord de la zone couchée et observe un long moment mais la luminosité commence à baisser et toujours pas le moindre mouvement.
Je décide d'avancer tout doucement en direction du chemin de terre qui remonte vers ma voiture. Mickaël me suit à distance, en tapotant son portable dont les bruits même discrets sont audibles à environ 40 mètres. En arrivant près de l'endroit où j'ai vu bouger le blé tout à l'heure, je m'arrête un instant pour observer. Rapidement, un léger mouvement du blé m'interpelle, il semble qu'un petit animal se déplace doucement, je me penche pour l'apercevoir mais me rends compte qu'il s'agit d'une grosse sauterelle verte qui saute d'épis en épis. Je rejoins doucement le chemin et attends Mickaël puis nous remontons tranquillement vers les bâtiments. Le ronron d'un moteur se fait entendre et nous tombons sur le propriétaire près des bâtiments, il nous explique qu'en allant allumer l'autoradio de son tracteur, il a dérangé un chevreuil puis commence à nous parler de tout et de rien et je vais avoir toutes les peines du monde à couper court à la conversation car la luminosité baisse vite. Nous partons en longeant le bas du bosquet à travers la vigne. Ce dernier se poursuit par une haie épaisse au bout de laquelle nous tombons sur une petite parcelle de blé. Pas d'animal en vue. Nous contournons la haie et revenons par l'autre côté vers le bosquet en la longeant. Nous longeons maintenant le bosquet en bordure des vignes.
Tout à coup, un chevreuil démarre dans le bosquet. Je fais signe à Mickaël qui ne l'a pas entendu et tente quelques appels au Butollo mais il ne viendra pas. Nous reprenons notre progression lente. Un peu plus loin, nous apercevons un beau lièvre dans les rangs de vigne. Encore un peu plus loin, j'aperçois un renard qui se débine à 70 mètres devant nous. Je fais rapidement signe à Mickaël pour qu'il se serre contre le bois, je me cale derrière quelques branches basses et commence à l'appeler avec ma bouche sur le dos de ma main alors qu'il s'apprête à rentrer au bois. Immédiatement, il se retourne vers nous et arrive au trot. Il s'arrête de temps en temps mais vient droit sur moi. Il n'est plus qu'à 20 mètres, j'arme mon arc et le suis dans mon viseur tout en appelant en pinçant les lèvres. Il est à moins de 10 mais les branches m'empêchent de tirer, il continue à venir et se plante de face à environ 5 mètres. J'ai une petite fenêtre au travers des branches, j'aligne ma visée et décoche mais passe au ras du renard sur sa droite. Il sursaute et se plante plein travers pour observer mon encoche lumineuse rouge. J'essaie d'attraper une flèche rapidement sur mon carquois mais je cafouille un peu et le temps d'encocher le renard est reparti. J'arme alors qu'il s'arrête à 15 mètres et se tourne plein travers mais le temps de viser, il repart. Je le rappelle et il s'arrête à 20 mètres environ et se repositionne plein travers. J'aligne ma visée et décoche mais ma flèche passe juste sous son poitrail et se fiche, quelques mètres derrière, au sol. Elle est bien visible grâce à son encoche lumineuse bleue.
Je pars récupérer mes flèches, je remets la première au carquois mais en récupérant la seconde j'aperçois le renard qui m'observe à moins de 10 mètres tapis au sol. Je tente de réencocher mais il rentre au bois. Je n'aurais jamais imaginé le revoir. La nuit s'installe, il est temps de rentrer. Nous retournons à la voiture en passant devant le tracteur qui diffuse sa musique qui ne semble pas vraiment déranger les animaux.
Alex